Rémy Challe, Directeur Général de EdTech France

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Directeur Général de EdTech France, Rémy Challe nous explique au travers de cet interview ce qu’est l’association, son rôle et nous partage sa vision du futur de l’éducation et de la formation.

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Quand avez-vous rejoint la EdTech France et pourquoi ?

Je suis arrivé au mois de novembre dernier comme premier Directeur Général d’EdTech France, l’association qui fédère les entreprises qui mettent la technologie au service de l’éducation et de la formation. Je suis donc encore assez jeune dans cet écosystème qui m’était presque inconnu il y a seulement un an !

En effet, après une première partie de carrière dans l’enseignement supérieur (à l’université puis en grande école de management), j’ai souhaité rejoindre ceux qui imaginent aujourd’hui les solutions qui vont renouveler, enrichir, augmenter, l’expérience des apprenants comme celle des formateurs. Et le moins que l’on puisse dire est que je ne regrette pas ce choix !

Concrètement Rémy Challe, la EdTech France c’est quoi ?

EdTech France est une association à but non lucratif, dont les membres sont des entreprises françaises innovantes qui créent des solutions et des ressources à destination des apprenants : enfants à l’école, jeunes adultes à l’université, adultes en formation continue…

Parce que nous sommes tous d’éternels apprenants, les entreprises EdTech ont vocation à nous accompagner tout au long de notre vie ! C’est donc d’abord un réseau de membres, auxquels s’ajoutent des partenaires qui ont un intérêt pour le secteur de l’éducation et du développement des compétences : entreprises, laboratoires de recherche, associations professionnelles, grandes écoles, universités…

Pourquoi cette association a-t-elle vu le jour ?

La filière EdTech française était jusqu’alors très peu structurée : plus de 300 entreprises innovantes, réparties sur le territoire, souvent jeunes…
Or, comme toute filière “industrielle”, la EdTech a besoin de se consolider, d’être représentée, d’avoir une voix qui porte, y compris dans le débat public. Il est donc apparu, dès 2017, comme nécessaire d’avoir une organisation capable de fédérer les entreprises et de créer un effet de réseau, afin de rendre plus lisible et plus visible l’offre EdTech.

Il y a donc des enjeux d’évangélisation (c’est quoi ? pour qui ? comment ?), de financement, de développement, de réglementation, de conquête des marchés internationaux…
Car si les géants mondiaux sont américain, chinois et indien, le dynamisme de la filière tricolore place la France en bonne place des nations européennes les plus innovantes en matière d’éducation et de formation. Il est donc temps d’accélérer !

Quels types d’entreprises rassemblez-vous ?

Nos membres sont à l’image de la diversité de la filière ! Nous regroupons des startups “early stage”, tout juste sorties de l’incubateur, comme des entreprises bien plus matures, réalisant plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires.

Nos membres adressent également des solutions très diverses (des ressources numériques, des plateformes, des applications éducatives, des solutions pour l’apprentissage des langues, des solutions faisant appel à l’intelligence artificielle ou à la réalité virtuelle…) à des marchés également très différents : on distingue traditionnellement le secteur scolaire (K12), celui de l’enseignement supérieur et celui de la formation professionnelle.
C’est toute cette diversité, et les ponts qu’il y a à créer, qui font de la EdTech une filière particulièrement riche et passionnante !

Combien de membres comptez-vous aujourd’hui au sein d’EdTech Rémy Challe ?

Nous sommes fiers de vous annoncer – en exclusivité – que nous atteignons aujourd’hui la barre symbolique des 150 membres !
Après OpenClassrooms qui était au mois de mai dernier notre 100ème adhérent, c’est Lingueo qui a donc le privilège de porter le 150ème dossard. Nous sommes toujours heureux quand une nouvelle entreprise rejoint notre communauté, et cette adhésion a bien évidemment une saveur toute particulière.

Lingueo est un acteur majeur de l’écosystème, qui a une certaine ancienneté et un modèle à la fois original et exemplaire. A n’en pas douter, c’est un renfort de poids pour EdTech France !

Quel est le secteur le plus porteur de la EdTech France ?

Sans aucun doute, à ce jour, le secteur de la formation continue. C’est là où se situe principalement le marché, avec des entreprises arrivées à une certaine maturité, et une demande croissante, émanant d’entreprises confrontées au double défi de la transformation numérique et de la montée en compétences des collaborateurs. C’est aussi là que se développent les principales innovations, aussi bien pédagogiques que technologiques.

Le secteur scolaire est à l’inverse un secteur très compliqué, difficile d’accès, avec de nombreux obstacles structurels et un réel manque de moyens.
Enfin, le secteur de l’enseignement supérieur est à la croisée des chemins, avec une prise de conscience des institutions d’enseignement qu’elles devaient renouveler leurs méthodes et leurs pratiques pédagogiques pour s’adapter aux évolutions technologiques et sociales.

Quelle est votre vision de la nouvelle réforme de la formation professionnelle ?

Elle est plutôt optimiste ! A la fois parce que je le suis de nature, et surtout parce que l’idée d’individualiser les parcours de formation, et de rendre l’apprenant responsable du développement de ses compétences, me semblent être des décisions qui vont dans le sens de l’histoire.

Il est fini le temps où le diplôme obtenu à 20 ans vous garantissait une employabilité tout au long de la vie… L’heure est aujourd’hui à la transformation en profondeur des métiers, à l’obsolescence programmée des compétences techniques, à la nécessité de développer, tout au long de sa vie professionnelle, de nouveaux savoirs, de nouvelles postures, de nouvelles aptitudes… ces fameuses soft skills dont on nous parle tant !

Personnellement – et c’est quelqu’un qui vie depuis 8 mois une expérience de transformation qui vous l’assure – je vois bien plus d’opportunités que de risques dans cette nouvelle approche du monde du travail. 

Quel que soit le secteur, avec l’émergence du e-learning notamment, la tendance est de penser que la technologie peut à terme remplacer l’humain, qu’en pensez-vous ?

C’est exactement le contraire, et c’est un des mythes que j’entends bien déconstruire !
La EdTech n’est pas synonyme de e-learning, et le e-learning des années 2000 n’est pas le digital learning d’aujourd’hui. Les entreprises EdTech proposent essentiellement des solutions qui ne viennent pas remplacer l’humain, mais qui viennent au contraire enrichir l’expérience de l’apprenant comme celle du formateur.

La technologie n’est pas une fin. C’est un moyen pour rendre plus efficace, plus engageante, plus humaine parfois, la médiation entre l’apprenant et le formateur. Suivre un cours à distance, mais avec un formateur en webcam, qui n’intervient que pour vous, avec lequel vous pouvez interagir librement, que vous pouvez questionner directement… n’est-ce pas finalement une relation plus “humanisée” que celle que l’on peut entretenir avec un formateur anonyme, au milieu de 35 apprenants tout aussi anonymes ? 

Peut-on alors dire que l’humain est autant que la technologie au cœur de la transformation de l’apprentissage ?

Bien entendu ! C’est d’abord et avant tout une aventure humaine que celle de l’éducation et de la formation, et c’est parce que l’apprenant d’aujourd’hui n’est plus l’apprenant d’hier, parce que les compétences d’aujourd’hui ne sont pas les compétences d’hier, que l’apprentissage doit évoluer. C’est d’abord une transformation pédagogique, au service de laquelle la technologie doit trouver toute sa place.

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